Lire, relire (et relire) les mêmes histoires !
Par Jeanne et Marin (3 ans)
Du haut de ses tout juste trois ans, Marin a déjà des habitudes de lecture bien installées. Les livres de sa chambre font partie de son univers familier, des objets qu’il connaît, qu’il manipule, qu’il retrouve avec surprise ou découvre avec plaisir.
Il y a les livres écornés, manipulés, transmis, qui intègrent peu à peu une histoire familiale et des souvenirs partagés.
Il y a les livres qui ne sont rien qu’à lui, qu’on ne prête qu’avec parcimonie et dont on ne partage la lecture qu’une fois de longues négociations entamées.
Il y a les livres égarés qu’il faut absolument retrouver, chercher sous les lits, derrière les coussins du canapé, ou au fond d’un petit sac à dos préparé quelques jours plus tôt.
Il y a les livres retrouvés, qu’on arbore avec un sourire du fond de la bibliothèque en proposant d’en découvrir l’histoire pour un soir.
Et surtout, il y a ses livres préférés !
Ceux qu’on lit et qu’on relit plusieurs jours d’affilée, dans un cycle qui paraît parfois interminable à l’adulte que je suis, mais qui ne lasse jamais l’enfant qu’il est.
Des histoires, des personnages, qui s’impriment dans sa mémoire comme dans la mienne, et pour lesquelles nous garderons tous les deux une affection particulière.
Des textes qu’on pourrait lire les yeux fermés pour moi, les yeux grands ouverts pour lui. Les phrases que je laisse en suspens et qu’il complète joyeusement.
Les livres qui ont leur rituel à chaque page et qu’il ne faut pas oublier : il n’a jamais été question de commencer un livre de la collection Ana Ana (de Alexis Dormal et Dominique Roques) sans égrener ensemble le nom de tous les doudous dessinés sur la page de garde, ni de tourner la première page du livre L’enfant et la baleine de Benji Davies sans compter et retrouver d’abord les six chats de Noé.
La lecture de Madame Je sais tout de la collection des Monsieur Madame m’a de nombreuses fois permis d’entendre un petit “Je sais !” en tournant les pages. Le livre de La chasse à l’ours (Michaël Rosen et Helen Oxenbury), l’un de nos préférés à tous les deux, se ponctue de jolies ritournelles quand nous partons ensemble nous promener sans “avoir peur de rien. La vie est belle !”.
Et pourtant, malgré tous ces rituels bien établis, il y a toujours la surprise de le voir repérer deux livres grâce à leur similitude d’illustration, l’étonnement en l’entendant réclamer le titre d’un album lu une fois seulement, ou l’amusement de le voir se saisir d’un roman d’adulte qu’il feuillette page-à-page avec concentration.
Il y a la joie de le voir grandir et de me laisser surprendre par lui !